Inégalités financières dans le couple : et si c'était de la violence économique ?

On parle souvent de charge mentale, de répartition des tâches ou d’équilibre dans le couple… mais bien plus rarement d’argent, de répartition des dépenses, ou de ce que cela révèle des dynamiques de pouvoir.

Et pourtant, une inégalité financière qui dure, même “tacite” ou déguisée en “organisation pratique”, peut devenir une forme de violence économique. Sans cris ni coups, mais avec des effets très concrets sur la liberté, l’estime de soi, et parfois l’avenir des femmes.

Dans de nombreux couples hétérosexuels, les inégalités financières peuvent enfermer l’un·e des partenaires — souvent la femme — dans une position de dépendance, de frustration, voire d’impuissance à agir ou à quitter la relation.

Qu’est-ce que la violence économique ?

La violence économique désigne toute forme de contrôle, de contrainte ou d’injustice dans la gestion de l’argent au sein d’un couple. Elle peut se manifester de manière ouverte ou plus insidieuse, être exercée consciemment ou inconsciemment, et toucher tous les milieux sociaux. Dans de nombreux cas, elle est difficile à identifier, y compris pour la personne qui en est victime, car elle se confond avec des habitudes de couple, des discours sur le « bon sens économique », ou des modèles hérités de la famille.

Ce type de violence est souvent exercé par un conjoint ou une conjointe qui prend le pouvoir sur les finances, ou qui impose des règles déséquilibrées sans discussion ni prise en compte de la réalité financière de l’autre

Ce type de dynamique empêche le ou la partenaire visé·e d’être pleinement autonome financièrement. Cela peut l’amener à dépendre de l’autre pour ses besoins essentiels (logement, nourriture, santé), à ne pas pouvoir épargner ni construire son avenir, ou encore à perdre confiance dans sa capacité à gérer son argent. À terme, cela isole, fragilise, et peut rendre très difficile toute décision de rupture ou de changement de vie.

Les conséquences de la violence économique peuvent être profondes :

  • Baisse de l’estime de soi (« je ne suis pas capable de gérer l’argent », « je coûte trop cher », « je suis inutile ») ;
  • Perte de pouvoir d’agir (« je ne peux pas partir, je ne survivrai pas seule », « je ne connais rien aux finances ») ;
  • Épuisement psychologique, stress chronique lié à l’insécurité financière ou à la peur du jugement ;
  • Surendettement, prises de crédits sous pression, ou dépendance à un salaire qu’on ne touche pas directement ;
  • Isolement social, car le manque de moyens limite les sorties, les liens, les ressources.

Dans les cas les plus graves, cela peut s’accompagner d’autres formes de violences (psychologiques, morales, parfois physiques), s’inscrire dans un schéma d’emprise et aboutir à une perte totale d’autonomie pour la victime, qui n’a plus les moyens concrets ou émotionnels de quitter la relation.

Exemples concrets :

  • Imposer un partage des dépenses à 50/50 quand les salaires sont inégaux (on va le développer plus loin)
  • Forcer l’autre à prendre un crédit à son nom, ou refuser de contribuer aux charges communes
  • Garder seul le contrôle du compte commun, des décisions immobilières ou des placements
  • Empêcher son/sa partenaire de travailler ou de garder son propre argent
  • Critiquer sans cesse les achats de l’autre (“tu dépenses trop”, “tu ne gères pas bien”)
  • Demander à l’autre de nous suivre à l’étranger et l’obliger à ne pas travailler puisque « je gagne assez » : la personne qui suit ne cotise pas à la retraite, ne peux pas continuer à faire évoluer sa carrière etc.

La théorie du pot de yaourt : une inégalité quotidienne invisible

La “théorie du pot de yaourt” illustre une autre forme fréquente de déséquilibre financier dans le couple :

👩‍🦰 La femme paie toutes les petites dépenses du quotidien : les courses, les vêtements des enfants, les loisirs, les frais d’école, etc.
🧑 Le conjoint, lui, paie les gros investissements : la maison, la voiture.

À première vue, cela semble équilibré. Mais en cas de séparation, la réalité saute aux yeux :
👉 Les “petits” paiements, réguliers, ne laissent aucun patrimoine à celle qui les a assumés.
👉 Le partenaire masculin repart avec les biens durables, à son nom, pendant qu’elle n’a rien capitalisé.

Ce schéma, encore très courant, appauvrit les femmes au fil des années. Il crée une forme d’injustice structurelle dans la relation.

L’injustice derrière le “50/50” et la fausse égalité

Dans certains couples, on choisit de partager toutes les dépenses à 50/50, en pensant que c’est “juste”. Mais ce qui semble équitable ne l’est pas forcément si les revenus ne sont pas les mêmes.

Prenons un exemple concret :
👉 Si l’un gagne 1800€ par mois et l’autre 4000€, et qu’ils partagent un loyer de 1000€, cela représente plus de la moitié du salaire de la personne qui gagne le moins… et seulement un quart du salaire de l’autre.
Résultat ? À la fin du mois, l’un·e peut encore mettre de l’argent de côté, se faire plaisir, investir dans ses projets. L’autre, non. Il ou elle compte chaque euro, se prive, renonce à des besoins essentiels comme des soins, du repos, des loisirs, parfois même une alimentation de qualité.

Et les conséquences ne sont pas qu’économiques :

  • Cela crée un déséquilibre invisible, mais très présent au quotidien.
  • Cela peut générer de la honte, du stress et un sentiment d’injustice permanent.
  • Cela peut aussi empêcher la personne lésée de se projeter dans l’avenir : pas d’épargne, pas d’autonomie, pas de marge de manœuvre pour partir si besoin.
  • À long terme, cela peut abîmer la relation, en créant un fossé silencieux entre les deux partenaires.

Quand on ne tient pas compte des écarts de revenus, ce “partage équitable” devient en réalité une forme d’injustice économique. Et dans certains cas, cela peut même s’inscrire dans une forme de contrôle ou de domination, surtout si l’un des deux refuse de rééquilibrer les choses ou minimise la souffrance de l’autre.

La solution ? un partage équitable des ressources :

🔢 Étape 1 : Calcul du revenu total du couple

1800 € + 4000 € = 5800

🎯 Étape 2 : Calcul du pourcentage que chaque personne gagne

  • Personne A (1800 €) = 31 % des revenus du couple
  • Personne B (4000 €) = 69 % des revenus du couple

🏠 Étape 3 : Répartition des dépenses en fonction de ces pourcentages

Imaginons que le couple ait 1500€ de dépenses communes (loyer, factures, nourriture, etc.)

  • Personne A paiera 31 % de 1500 → soit 465
  • Personne B paiera 69 % de 1500 → soit 1035

👉 Résultat :

  • Personne A conserve 1335€ pour ses besoins personnels
  • Personne B conserve 2965

Cette méthode permet :

  • À chacun·e de contribuer à la hauteur de ses moyens
  • D’éviter que la personne aux revenus plus faibles se sacrifie ou s’endette
  • De préserver l’équilibre, le respect mutuel et l’autonomie de chacun·e

C’est ça, une répartition juste (et non strictement égale).
L’équité tient compte des réalités de chacun·e.

Comment la thérapie peut aider à se reconstruire

Heureusement, il est possible de sortir de ces dynamiques, notamment grâce à la thérapie féministe, qui permet de reprendre confiance, déconstruire les croyances intégrées, et retrouver un rapport sain à l’argent, à soi, et à l’autre.

Si vous avez l’impression de ne plus savoir ce qui est normal, de culpabiliser en parlant d’argent, ou de ne pas oser exprimer vos besoins financiers, il peut être précieux d’explorer cela en thérapie.

🌿 Une thérapie féministe offre un cadre bienveillant, sans jugement, pour :

  • Prendre conscience des mécanismes d’injustice ou d’emprise.
  • Renouer avec sa valeur personnelle et son droit à la sécurité.
  • Travailler l’estime de soi et la relation à l’argent.
  • Retrouver de la clarté pour poser ses limites ou faire des choix (rester, partir, renégocier…).

🌀 Avec des outils comme DECEMO (basé sur l’EMDR) ou la sophrologie, on peut aller plus loin que le mental :
👉 on libère des traumatismes profonds, liés à la dépendance, au manque, au sentiment d’infériorité.
👉 On restaure une relation à soi basée sur l’autonomie, le respect et l’amour de soi.

En résumé...

La violence économique dans le couple est réelle, fréquente, et souvent silencieuse.
Elle peut aller de l’injustice inconsciente à l’emprise claire.

Mais il existe des ressources, des droits, et des espaces pour en parler.
Vous n’avez pas à vous adapter, pas à tout porter seule, pas à justifier votre inconfort.

💛 Vous avez le droit de vivre une relation équitable.
💛 Vous avez le droit de comprendre, de choisir, de quitter si nécessaire.
💛 Vous avez le droit au respect.

Et si vous avez besoin d’un espace pour y voir plus clair, pour vous reconstruire ou rééquilibrer vos relations, la thérapie peut vous accompagner avec douceur et puissance.

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